32e Sommet de la Ligue arabe en Arabie saoudite le 19 mai 2023: Quelle est la situation économique des pays arabes ?

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La  puissance d’une Nation dans les relations internationales est   fonction de son  poids économique. Aussi, à l’occasion  du 32e Sommet de la  Ligue arabe tenu le 19 mai 2023 en Arabie saoudite, cette présente contribution se propose d’analyser le poids économique de cette organisation  composée de 22 États depuis le 20 novembre 1993. Liste: Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Comores, Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Irak, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Palestine, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie, (suspendue en 2011, puis réadmise en 2023) Tunisie, Yémen.

1 – Les résultats étant fonction de la fiabilité de  l’appareil statistique, un rapport de l’Union européenne de janvier 2022, enquête pour 2021,  donne une estimation intéressante du PIB de la majorité des pays de la Ligue arabe par ordre alphabétique qui  traduit  d’importantes disparités  Algérie, 44,77 millions d’habitants pour un PIB de 137.841 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3120 euros ;  l’Arabie saoudite, 34,11 millions d’habitants pour un PIB  de 1051 milliards d’euros et  un  PIB par tête d’habitant de 30.826 euros, Bahreïn, 1,5 millions d’habitants pour un PIB  33,20  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant  22.075  euros ;  Comores, 921  millions d’habitants pour un PIB  de  1, 08  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de  1.179 euros, Djibouti, 1,10 millions d’habitants  pour un PIB  de 2,9 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 2939 euros ;  Egypte, 102 millions d’habitants pour un PIB  de  459,93  milliards d’euros et un PIB 450,93 euros par tête d’habitant,  Emiraties, 9,55 millions d’habitants pour un PIB 30,66 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 36.689 euros, millions d’habitants,  Etat de Palestine, 5,22  millions d’habitants pour un PIB  15,3 de milliards d’euros et un PIB par tête  d’habitant de 2927 euros,  Irak, 43,53 millions d’habitant pour un PIB 174,49 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 4.008 euros,  Jordanie, 10,26 millions d’habitants pour un PIB  de  38,70 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3769 euros, Koweït ,4,81 millions d’habitants pour un PIB  92,83 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 19.876 euros,  Liban, 5,59 millions d’habitants  pour un PIB  de 19,55   milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3497 euros,  Libye, 6,73 millions d’habitant pour un PIB 32,95   milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 4893 euros,  Maroc, 36,13 millions d’habitants pour un PIB  de  120,71 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de  3324 euros,  Mauritanie 4,61  millions d’habitants pour un PIB  de  8,35  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de  1811 euros.  Oman, 4,25  millions d’habitants pour un PIB  de 74,51 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 74.516 euros, Qatar, 2,61 millions d’habitants pour un PIB 151,81  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 57.981 euros le plus élevé du monde arabe,   Somalie, 17,06  millions d’habitants pour un PIB  de  6,44  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 378 euros un des plus faible du monde arabe, Soudan  45,65 millions d’habitants pour un PIB  de  29,02 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 636  euros,  la Syrie, l’évènement le plus important  qui réintègre la Ligue arabe, 21,32  millions d’habitants pour un PIB  de  9,7  milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 467 euros, Tunisie 12,26  millions d’habitants pour un PIB  de 39,45 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 3.217 euros,  Yémen 33,32 millions d’habitants pour un PIB  de   17,80 milliards d’euros et un PIB par tête d’habitant de 56 euros. 

2 – L’indicateur produit intérieur brut PIB  est  un indicateur global, ne reflétant pas la répartition du revenu national par couches sociales, l’indice  du développement humain  étant  plus fiable. Selon le rapport de 2022 du   PNUD, les EAU se classent au 26e rang mondial et au 1er rang régional. Pour les autres pays arabes nous avons : Arabie saoudite 35e,, Qatar 42e, Oman 54e,  Algérie 91e,  Egypte 97e,  Tunisie et Jordanie 102e,  Libye 104e, Palestine 106e, Liban 112e, Irak 112e, Maroc 123e, Syrie  150e, Comores 156e, Mauritanie 156e, Djibouti 170e, Soudan du  Nord 172e, Ethiopie 175e, Soudan du Sud 191e,  le Yémen n’ayant pas  été noté. 

Les enquêtes internationales montrent une profonde inégalité des revenus dans la majorité des  pays  arabes. 

Le magazine américain FORBES  a publié la liste de classement annuelle des personnes les plus riches du monde en 2023, et la liste comprenait 2640 milliardaires, par rapport à la liste de l’année dernière, qui comprenait 2668 milliardaires. Le rapport indique que bien que 9 milliardaires arabes sur 21 ont moins de richesses aujourd’hui qu’il y a un an; cependant, leur richesse combinée est passée de 52,9 milliards de dollars en 2022 à 53,9 milliards de dollars en 2023. Les 31 plus grands milliardaires arabes sont aussi riches que le reste de la population de la région possédant autant de richesses que le reste de la population (92,1 milliards de dollars en 2020, contre 37 milliardaires qui comptabilisent 108 milliards de dollars en 2019.

3 – D’une manière générale, malgré   les multiples tentatives pour la réalisation de l’intégration économique arabe notamment à travers le Fonds monétaire arabe (FMA), le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES), l’Organisation arabe pour le développement agricole (OADA) et le projet de la GZALE, adopté en 1997, les résultats sont loin des attentes le commerce  interarabe  ne dépasse pas les 10/ 11%. Si certains membres de la Ligue font beaucoup de commerce intra-régional, particulièrement la Jordanie, la Somalie, Oman et Bahreïn, la plupart des échanges se font vers les pays extérieurs à la Ligue, la majorité des pays méditerranéens de la région, notamment l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, s’orientant fortement leur commerce vers l’UE. Encore que  récemment, selon un rapport publié à Beijing, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays arabes sont de l’ordre de 319,3 milliards de dollars en 2022, représentant une hausse de l’ordre de 35,28 % par rapport à 2021. Pour  l’Algérie selon les données du ministère des Affaires étrangères

(source APS),  la valeur des exportations de l’Algérie vers les pays arabes s’étant  élevée en 2021 à 2,24 milliards de dollars contre des importations de 2,54 milliards de dollars. Si l’on s’en tient au PIB, les pays arabes  avec un PIB annuel global  pour 2021 d’environ 2.490.734 milliards  d’euros pour une population totale d’environ 440 millions est  inférieur à celui de l’Allemagne qui a un  PIB  de  3867 milliards de dollars pour  une population de 84,3 millions d’habitants, proche du PIB de la France de 2021, estimé à 2642 milliards d’euros  pour une population de 68 millions.

Le PIB mondial en 2022 ayant dépassé les 100.000 milliards de dollars  pour une population dépassant les  8 milliards d’habitants, le PIB global des pays arabes malgré toutes leurs richesses représente 0,25% du PIB mondial.

Où en sont dans la pratique  les différentes recommandations  économiques lors des différentes rencontres depuis plus d’une décennie  des dirigeants des pays arabes concernant les quatre libertés qui renforcent l’intégration économique arabe, à savoir la liberté de circulation des personnes, la liberté de circulation des capitaux, la liberté de circulation des marchandises, ainsi que la liberté de transfert des services, l’établissement de chaînes de valeur et d’approvisionnement arabes par le biais de ports, de lignes maritimes et de centres logistiques, et le soutien au transport multimodal, ainsi que l’établissement d’une bourse de marchandises arabe,  l’encouragement du secteur privé à jouer son rôle sociétal en développant et en soutenant l’éducation, la formation et l’esprit d’entreprise afin de créer des générations productives qui suivent le rythme des évolutions, en mettant l’accent sur les jeunes entrepreneurs et enfin  la participation des femmes à l’activité économique, à favoriser les partenariats publics-privés dans tous les secteurs économiques et à activer le rôle des banques et des fonds arabes de développement pour soutenir les investissements.

En conclusion, les résultats mitigés, renvoyant à la gouvernance, montrent, contrairement aux discours , dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments,  qu’il reste un long chemin à parcourir afin de réaliser  la  diversification des ressources notamment énergétiques et agricoles dans les pays arabes qui  constitue un défi majeur en vue de réaliser l’intégration économique.

  1. M.