Béjaïa: Sidi Aich se souvient des 100 martyrs du puits de l’horreur

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Des centaines de personnes ont rendu hommage, vendredi à Sidi Aich (50 km à l’ouest de Béjaïa), aux 100 chahids du puits de la ferme Chabour de Sidi Ayad, des prisonniers exécutés froidement par l’armée coloniale qui les a jetés au fond de l’avenue. «C’était l’horreur absolue», a commenté le fils d’une des victimes.

Chabour Khellil qui, enfant, n’a pas assisté à l’exécution en direct de son père, mais était dans les parages avec sa mère et ses deux sœurs, lui faisant leur adieu, en le voyant embarqué dans un camion militaire se dirigeant vers le lieu du crime. Il n’en est jamais revenu et jamais ressorti de ce sinistre piège, se rappelle-t-il. En ce début d’octobre 1957, beaucoup de personnes, comme Chabour Khellil, ont été associées indirectement à ces scènes d’horreur, conviées, malgré elles, à suivre la mise en place du décor funèbre en préparation, installé par le détachement militaire colonial dépêché sur les lieux. Les prisonniers, acheminés de divers centres de détention de la région, notamment Bouarbatache (El Kseur), M’cisna, Leflaye et même de l’Akfadou, avaient été regroupés sur le terrain de l’actuel stade communal de Sidi Aich, puis soumis à d’abominables tortures.Tous les riverains et les gens de passage entendaient les gémissements des prisonniers suppliciés. Toutefois, l’exercice sordide ainsi employé par les tortionnaires pour leur tirer des renseignements de guerre sur la willaya III historique en général et la zone I en particulier, a viré à l’échec, selon les témoignages. Aussi, en signe de punition, une centaine de torturés après un triage aveugle, ont été désignés et conduits à l’échafaud et jetés au fond du puits se trouvant au lieu-dit Sidi Ayad, situé à quelques centaines de mètres plus loin, puis ensevelis collectivement sous des tonnes de terres, a-t-on encore témoigné. Le lieu est devenu, depuis le recouvrement de l’indépendance, un repère mémoriel. Une stèle y a été érigée pour rappeler le sacrifice consenti pour libérer le pays du joug colonial et les affres vécues. Le rassemblement du jour, organisé par le Musée du moudjahid en collaboration avec la direction des moudjahidine et ayant droits et d’autres partenaires, a été ponctué par un dépôt des gerbes de fleurs et un recueillement à la mémoire des martyrs tombés au champ d’honneur, sur le lieu du sinistre. Les participants à cet hommage qui se sont ensuite réunis à la maison de jeunes de Sidi Ayad, sont revenus sur le massacre. Des témoins ont apporté leurs éclairages à ce propos, appelant à entamer les recherches sur cet épisode tragique et surtout à identifier, avec exactitude, les victimes. D’aucuns ont émis le vœu d’ériger, sur les lieux un mémorial, qui restituera la liste nominative de ces chahids.

Saïd H. /Ag.