Dans un message à l’occasion du 8 mai 1945, Tebboune affirme: «L’Etat est résolu à mettre le dossier de la mémoire sur la voie de la transparence»

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L’Algérie commémore, aujourd’hui, le 78e anniversaire des événements tragiques du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata où les forces coloniales françaises ont fait subir à des milliers d’Algériens, sortis ce jour-là pour réclamer leur droit à la liberté et à l’indépendance, les pires souffrances, suivies d’exécutions sommaires.

Un crime atroce qui restera à jamais gravé dans la mémoire. Cette commémoration a été, encore une fois, une opportunité pour le président de la République de souligner, dans un message, que cet anniversaire rappelle une autre journée de ces journées nationales éternelles où «ce peuple glorieux a réalisé des exploits et des épopées historiques grandioses, qui resteront profondément ancrés dans sa conscience pour renforcer davantage notre fierté et consolider la cohésion nationale et les attaches à la patrie, en semant dans la conscience de la nation le sentiment de fierté pour l’esprit de militantisme et de résistance, ce sentiment enraciné, de génération en génération, chez les enfants de cette terre bénie». Au fil de son histoire séculaire, l’Algérie «a engendré des générations de patriotes résistants et militants, témoins de son attachement aux idéaux de liberté et de dignité. le 8 mai 1945, date que nous avons instituée Journée nationale de la mémoire, n’est qu’une autre expression forte de l’esprit de résistance ancré dans la nation et de son attachement à ces nobles idéaux», a-t-il affirmé. Mettant en avant «les fervents patriotes de l’école du mouvement national se préparaient pendant les années difficiles de la lutte nationale à l’heure décisive, lorsque les voix des révoltés ont résonné à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes, en cette journée funeste qui a mis à nu l’horreur et la cruauté des massacres épouvantables perpétrés par les fanatiques colonisateurs», le chef de l’Etat a indiqué que ce crime contre l’humanité déclenchera par la suite le processus d’internationalisation de la cause algérienne et son inscription à l’Organisation des Nations unies (ONU). C’est cette lutte nationale sans merci qui a provoqué l’étincelle de la lutte armée, le 1er novembre 1954». «Fidèle aux sacrifices incommensurables consentis, avec bravoure et honneur, par le peuple algérien, l’Etat est résolu, dans une Algérie nouvelle, altière et loyale, à mettre le dossier de l’histoire et de la mémoire sur une voie qui nous assurera la transparence, l’intégrité et l’objectivité totales, loin de toute concession ou marchandage», a-t-il soutenu. Dans cette optique, «nous avons bon espoir de réaliser, à court terme, le progrès escompté dans ce processus, partant de l’importance de la mission confiée à la commission mixte des historiens pour traiter toutes les questions, dont celles liées à la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants, aux essais nucléaires et aux disparus, a encore ajoute le Président.A ce propos, il réaffirmé sa «détermination résolue» à défendre le droit du peuple algérien en «intensifiant les démarches pour traiter, avec courage et équité, la question de l’histoire et de la mémoire tout en veillant à conférer la transparence nécessaire à ce dossier sensible». La célébration de la Journée nationale de la mémoire, une occasion pour rendre fièrement hommage aux sacrifices immenses du peuple algérien, nous interpelle à faire de ces occasions et des gloires que retient l’histoire pour la nation algérienne, à travers les étapes et les époques, un précieux legs national qui sème chez la postérité la fidélité aux valeureux Chouhada.

Les documents historiques et les témoignages encore vivants révèlent que les assassinats de masse se sont poursuivis sur plusieurs semaines et se sont propagés à d’autres régions du pays et font état de la souffrance endurée par les citoyens lors de ces terribles massacres ayant fait de Sétif, Guelma et Kherrata un charnier inimaginable. En fait, ces évènements étaient une expression de la maturité de la réflexion nationale et portaient le caractère d’un soulèvement pacifique, traduit sur le terrain par des manifestations tenues dans différentes régions du pays, selon des historiens qui s’accordent à dire que les Algériens étaient accablés par le cumul des crises complexes et interminables liées principalement aux affres de la colonisation. La répression était ignoble et sauvage contre des manifestants pacifiques dont le «seul tort» est de sortir manifester dans la rue pour réclamer leur indépendance face à des forces coloniales surarmées.Les statistiques font état de plus de 45.000 martyrs tombés dans ces massacres, mais les rapports des forces coloniales n’ont pas fourni de chiffres sur les exécutions sommaires perpétrées par les milices de la mort à l’encontre de citoyens désarmés, selon ces mêmes historiens qui estiment que les massacres du 8 mai 1945 n’ont pas encore pris leur juste place dans les recherches, les études et la documentation, ce qui nécessite l’intensification des efforts pour faire la lumière sur ces événements et sur les réactions face à ces tragiques évènements.

La mission principale des acteurs du domaine aujourd’hui est de consolider l’écriture de l’histoire des massacres du 8 mai 1945 pour les générations montantes pour préserver la mémoire collective, recommandent des universitaires qui soulignent la nécessité de mettre l’accent sur les innombrables exécutions, tueries collectives et tortures, entre autres crimes abjects commis sous la bannière d’une politique d’Etat. Proclamée par le président de la République journée nationale de la mémoire, il y a trois ans, le 8 mai 1945 constitue, de l’avis de chercheurs en histoire, une autre halte historique indélébile, au vu des crimes commis par le colonisateur abject à Sétif, Guelma et Kherrata et dont l’histoire retiendra l’atrocité et la barbarie. Aujourd’hui, le concept de l’Algérie nouvelle implique la création de sites de mémoire par l’élargissement des musées nationaux, l’établissement des maisons d’archives, l’enrichissement des bibliothèques nationales et la consécration de la commémoration des évènements et des personnalités, notent ces mêmes chercheurs.Sur ce dossier, le président de la République a été catégorique en affirmant, lors de sa dernière entrevue périodique avec des représentants des médias nationaux, que l’Algérie ne renoncera jamais au dossier de la Mémoire et ne marchandera avec aucun pays cette question.

T. Benslimane