Diabète gestationnel: Une étude recommande de tamiser les lumières et d’éteindre les écrans

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Le diabète gestationnel, appelé aussi «diabète de grossesse», survient vers la fin du 2e trimestre. Si ses facteurs de risque sont maintenant bien identifiés, des chercheurs ont découvert qu’une …

Le diabète gestationnel, parfois appelé diabète de grossesse, est un trouble de la tolérance au glucose induit par la grossesse. Il se traduit par un taux sanguin de sucre élevé chez une femme qui n’avait pas de troubles diabétiques jusque-là. Cette anomalie est transitoire : elle apparaît pendant la grossesse et disparaît après l’accouchement, c’est pourquoi ce type de diabète est à différencier de celui préexistant à la grossesse, dit diabète prégestationnel. Ses causes sont bien connues, comme l’affirme la revue médicale Vidal à ce sujet, à savoir que la grossesse augmente les besoins de la mère en insuline (hormone produite par le pancréas pour diminuer la glycémie) d’un facteur de 2 à 3. «Cette augmentation est liée à l’équilibre hormonal de la grossesse. Chez certaines femmes prédisposées, le pancréas n’est pas capable de répondre à cette augmentation du besoin en insuline et un diabète gestationnel s’installe. Dans certains cas, une hyperglycémie sans symptôme était déjà présente avant le début de la grossesse et la découverte de l’hyperglycémie n’est que le révélateur d’un diabète de type 2 préexistant méconnu.», Souligne la revue. Ses facteurs de risque le sont également, en premier lieu le surpoids et l’obésité des femmes débutant une grossesse et le recul de l’âge de début de grossesse : le risque de diabète gestationnel augmente lorsque la femme enceinte a plus de 35 ans. S’ajoute à cela le fait qu’une femme enceinte a plus de risques de développer un diabète au cours de sa grossesse si l’un de ses parents de premier degré (c’est-à-dire père, mère, frères, sœurs) a un diabète de type 2 et si elle a déjà eu un diabète gestationnel au cours d’une précédente grossesse (le risque de récidive varie de 30 à 84%, selon les études.) Mais voilà qu’une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Northwestern University met en avant un autre facteur jusqu’ici peu connu, en lien avec une habitude fréquente au coucher. Leur étude publiée dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology Maternal Fetal Medicine recommande en effet, aux femmes enceintes de tamiser les lumières de leur maison et d’éteindre celles leurs écrans (ordinateur et smartphones) quelques heures avant le coucher pour réduire le risque de diabète gestationnel. «Les femmes qui ont développé un diabète gestationnel dans l’étude ont été plus exposées à la lumière dans les trois heures précédant le début du sommeil. Elles ne différaient pas dans leur exposition à la lumière pendant la journée ou dans leurs niveaux d’activité par rapport à celles en bonne santé. Notre étude suggère donc que l’exposition à la lumière avant le coucher peut être un facteur de risque sous-reconnu, mais facilement modifiable du diabète gestationnel.», explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Minjee Kim. L’équipe scientifique est partie du constat que de plus en plus de preuves suggèrent que l’exposition à la lumière artificielle avant le coucher peut être liée à une altération de la régulation du glucose chez les adultes. Cependant, peu d’études portent sur l’effet de l’exposition à la lumière du soir pendant la grossesse sur le risque de développer un diabète gestationnel, malgré ses implications importantes pour la santé de la mère et de l’enfant. Chez la mère, le diabète gestationnel peut en effet provoquer une pré-éclampsie qui se traduit par un risque d’accouchement prématuré, voire des problèmes rénaux. Chez l’enfant, outre un poids élevé à la naissance (supérieur à 4 kg), le diabète gestationnel peut provoquer, après l’accouchement, une détresse respiratoire (par manque de maturation des poumons), de l’hyperglycémie et un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 au cours de sa vie. «Le diabète gestationnel est connu pour augmenter les complications obstétricales pour la mère. L’enfant est également plus susceptible de souffrir d’obésité et d’hypertension à mesure qu’il grandit. Et les données montrent que les femmes atteintes de diabète gestationnel sont près de 10 fois plus susceptibles de développer un diabète sucré de type 2 que celles qui n’ont pas de problèmes de glucose pendant la grossesse.», ajoute le Dr Minjee Kim. L’exposition à une lumière artificielle avant de dormir peut provenir de lumières vives dans la maison et d’appareils comme les téléviseurs, les ordinateurs et les smartphones. «Nous ne pensons pas au mal potentiel de garder l’environnement lumineux chez nous à partir du moment où nous nous réveillons jusqu’à ce que nous allions nous coucher.», fait-il remarquer.

Mieux vaut tamiser les lumières trois heures au moins avant de se coucher

L’équipe scientifique ne sait pas précisément quelle source de lumière vive est à l’origine du problème, mais émettent l’hypothèse que toutes les sources lumineuses présentent dans une même pièce pourraient s’additionner. «Essayez de réduire la lumière présente dans votre environnement pendant trois heures avant d’aller vous coucher. Il est par exemple préférable de ne pas utiliser votre ordinateur ou votre téléphone pendant cette période. Mais si vous devez les utiliser, gardez les écrans aussi sombres que possible.», note le chercheur, suggérant d’utiliser l’option «Eclairage nocturne» pour les appareils électroniques. Quant au mécanisme en cause, il semblerait que l’exposition à la lumière avant le sommeil peut affecter le métabolisme du glucose par hyperactivité du système nerveux sympathique (qui joue un rôle important dans la régulation des fonctions métaboliques et cardiovasculaires), ce qui signifie que la fréquence cardiaque augmente avant le coucher alors qu’elle devrait baisser. «Il semble qu’il y ait une activation inappropriée de la réponse de combat ou de fuite lorsqu’il est temps de se reposer.», indique ainsi l’étude. Plusieurs études ont d’ores et déjà montré que l’hyperactivité sympathique peut entraîner des troubles cardiométaboliques, un groupe de conditions comprenant l’obésité abdominale, la résistance à l’insuline, l’augmentation de la pression artérielle et un déséquilibre des lipides. Pour expliquer ce phénomène, il serait possible que l’exposition à la lumière la nuit influence la production de mélatonine, ce qui perturbe l’horloge interne du corps et a un impact sur la régulation de la glycémie. Entre 2011 et 2013, les chercheurs ont demandé à 741 femmes enceintes qui en étaient à leur deuxième trimestre de porter des capteurs de lumière au poignet et de remplir un journal de sommeil quotidien pendant environ une semaine. Les participants ont ensuite été divisés en trois groupes en fonction de leur exposition à la lumière tamisée au cours des trois heures précédant le sommeil. Les résultats révèlent que 16 des 247 femmes qui n’ont passé qu’environ 1,7 heure dans la pénombre ont développé un diabète gestationnel, contre 12 de celles qui ont passé environ 2,2 heures dans la pénombre et trois de celles qui ont passé environ 2,6 heures dans la pénombre. Si ces résultats se doivent d’être confirmés, ils révèlent toutefois une tendance : les femmes qui passaient le moins de temps dans la pénombre avaient cinq fois plus de risques de développer un diabète gestationnel. Les chercheurs affirment qu’une association était présente même lorsqu’ils tenaient compte de facteurs tels que l’âge, la qualité et la durée du sommeil, l’indice de masse corporelle et la quantité de lumière à laquelle les participants étaient exposés pendant la journée. «Nous avons encore beaucoup à prouver, mais mon inquiétude est que la lumière contribue silencieusement à ce problème sans que la plupart des gens ne s’en rendent compte.», atteste le Dr Minjee Kim. Bonne nouvelle toutefois : tamiser ses lumières est une modification facile à réaliser chez soi. «En commençant trois heures avant le coucher, essayez de les atténuer chaque fois que possible. Pour des activités comme le dîner et le bain des enfants, vous n’avez pas besoin d’une lumière très vive. Rangez si possible vos ordinateurs et téléphones ou tout du moins essayez d’assombrir l’écran ou de les mettre en mode nuit.», conclut l’équipe scientifique.