Indice de Transparency International pour l’Algérie de 2003/2022: La corruption, une menace pour la sécurité nationale

0
352

Tout en prenant avec précaution  pour  certaines conclusions de certaines organisations internationales  devant tenir compte de l’échantillon des enquêtés  et des  hypothèses de calcul, l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2021 qui a été publié le  25 janvier 2022 par Transparency International L’IPC montre que les niveaux de corruption restent au point mort dans le monde, 86 % des pays n’ayant que peu progressé, voire aucunement, au cours des dix dernières années.

1- Pour  Transparency International, une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un «haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. Dans ses différents  rapports, cette institution internationale   note que  la frustration face à la corruption des gouvernements et le manque de confiance dans les institutions témoignent de la nécessité d’une plus grande intégrité politique  devant  s’attaquer de toute urgence au rôle corrupteur des grosses sommes d’argent dans le financement des partis politiques et à l’influence indue qu’elles exercent sur les systèmes politiques. L’ONG relève que «les pays où les réglementations sur le financement des campagnes sont complètes et systématiquement appliquées ont un score moyen de 70 sur l’IPC, alors que les pays où ces réglementations sont soit inexistantes, soit mal appliquées n’obtiennent respectivement qu’une moyenne de 34 et 35 ».   Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent certains  secteurs publics et privés,  relatés chaque jour par la presse nationale, dépassent souvent l’entendement humain du fait de leur ampleur, encore que tout Etat de droit suppose la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Pourtant, ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de  l’Etat censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures de   contrôle. Cela dénote l’urgence de  mécanismes de contrôle transparents qui évitent que ces pratiques ne se reproduisent renvoyant  à plus de liberté, de justice sociale, (indépendance de la justice), de moralité des institutions et de démocratie non plaquée selon les schémas occidentales mais tenant compte des riches anthropologies culturelles de chaque Nation (voir A. Sen, indien professeur à Harvard  prix Nobel d’économie). Qu’en est-il du classement sur la corruption de l’Algérie de 2003 à 2022 : en 2003:  88e place sur 133 pays;  2004: 97e place sur 146 pays; 2005 : 2,8 sur 10 et 97e place sur 159 pays; 2006 : 84e place sur 163 pays; 2007 : la 99e place sur 179 pays; 2008 : 92e place sur 180 pays; 2009 : 111e place sur 180 pays; 2010 : 105e place sur 178 pays; 2011 : 112e place 183 pays; 2012 :105e place sur 176 pays ; 2013 -105 rangs sur 107 pays; 2014 –100e sur 115 pays; 2015 –88e sur 168 pays; 2016 –108e sur 168 pays; 2017 -112e place  sur 168 pays; 2018- 105e place sur 168 pays; 2019- 106e sur 180 pays. 2020, 104e place sur 180 pays avec une note de 36 sur 100. Dans son rapport de 2021, l’Algérie a obtenu le score de 36 points sur 100 et se place 104e sur 180 pays où elle occupait le 106e rang et dans le rapport de 2022, l’Algérie occupe la 117e place sur 180 ayant  reculé de 13 places avec un score de 33 sur 100 contre 36 sur 100.  Selon le classement, l’Algérie occupe le même rang que l’Egypte, le Nepal, les Philippines et la Zambie et en  Afrique, le pays le moins corrompu est les Seychelles qui occupe le 23e rang mondial avec un score de 70 points sur 100, suivi par le Cap Vert (39e/58 points), puis le Botswana (45e/55 points), l’île Maurice (49e/54 points), le Rwanda (52e/53 points). Le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande dominent le classement, avec un score de 88. En tête de l’indice de démocratie, ces trois pays considérés comme les «moins corrompus», font également figure de champions en matière de libertés civiles, selon  Transparency International. Suivent la Norvège, Singapour et la Suède, avec 85 points. Puis la Suisse, avec 84 points.

Les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Allemagne se placent respectivement aux 8e, 9e et 10e places. Le Royaume-Uni occupe la 11e place, Hong Kong (12e), le Canada (19e), l’Australie, la Belgique et le Japon (18e), la France (22e), les Emirats arabes unis (24e). Les Etats-Unis 27e, le Qatar (31e), la Corée du Sud (32e), l’Espagne (34e), l’Italie (42e). L’Arabie saoudite (52e), la Chine (66e), le Mexique (124e), la Russie (136e), l’Iran (150e).  En bas du classement, nous avons le Venezuela (177e/14 points), la Somalie et la Syrie  la 178e place avec 13 points,  le Soudan du Sud (180e/11 points).

2-  Les organes dépendant de l’exécutif  soit du ministère de la Justice ou du ministre des Finances ou du Premier ministre  ne sont pas  neutres  et l’expérience récente des détenus de hauts responsables  dont des ex premiers ministres et même un ministre de la justice, en est la preuve. Dans les pays développés l’organe suprême de contrôle des deniers publics est la Cour des comptes, organe indépendant qui d’ailleurs en Algérie a été consacré par la nouvelle Constitution, devant éviter de créer d’autres organes qui se télescopent. Les intentions de lutte contre la corruption  certes louables afin que ce  rêve si cher à tous les Algériens, condition d’un Front national interne solide face tant aux tensions budgétaires, sociales internes, que géostratégiques à nos frontières s’appliqueront-elles sur le terrain?   Il ne faut pas  confondre la corruption,  avec acte de gestion, la dépénalisation de l’acte de gestion que je réclame depuis de longues années,  afin d’éviter de freiner les énergies créatrices, la définition du manager étant de prendre des risques, pouvant gagner ou perdre. Le cancer de la  corruption, démobilise la société par une méfiance généralisée et accentue le divorce Etat-citoyens.   Le combat  contre la corruption, pour son efficacité doit  reposer sur la mise en place de mécanismes de régulation transparents, en fait une bonne gouvernance. Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent certains  secteurs publics et privés,  relatés chaque jour par la presse nationale, dépassent souvent l’entendement humain du fait de leur ampleur, encore que tout Etat de droit suppose la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Pourtant, ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de  l’Etat censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures de contrôle.

Cela dénote l’urgence de  mécanismes de contrôle transparents qui évitent que ces pratiques ne se reproduisent renvoyant  à plus de liberté, de justice sociale, (indépendance de la justice), de moralité des institutions et de démocratie non plaquée selon les schémas occidentales mais tenant compte des riches anthropologies culturelles de chaque Nation (voir A. Sen, indien professeur à Harvard  prix Nobel d’Économie). Si l’on excepte la mauvaise gestion de certaines entreprises publiques qui accaparent une partie importante du financement public, il ne faut jamais oublier l’administration et les services collectifs dont les infrastructures qui également accaparent la mauvaise gestion des services collectifs. S’est-on interrogé une seule fois par des calculs précis le prix de revient des services de la présidence, du  chef du gouvernement, des différents ministères et des wilayas et APC, de nos ambassades (car que font nos ambassades pour favoriser la mise en œuvre d’affaires profitables aux pays), du coût des différents séminaires, et réceptions et commissions par rapport aux services rendus à la population algérienne? A ce titre, il convient de se poser la question de l’efficacité des transferts sociaux souvent mal gérés et mal ciblés qui ne s’adressent pas toujours aux plus démunis. Il semble bien qu’à travers  toutes les lois de finances  l’on ne cerne pas clairement les liens entre les perspectives futures de l’économie algérienne et les mécanismes de redistribution devant assurer la cohésion sociale, donnant l’impression d’une redistribution passive de la rente des hydrocarbures sans vision stratégique, bien qu’existe certaines dispositions encourageant l’entreprise. Dans ce cadre, de la faiblesse de la vision stratégique globale, le système algérien tant salarial que celui de la protection sociale est diffus, et  dans la situation actuelle, plus personne ne sait qui paye et qui reçoit, ne connaissant ni le circuit des redistributions entre classes d’âge, entre générations et encore moins bien les redistributions entre niveaux de revenus ou de patrimoine.

En conclusion, la mauvaise gestion et la corruption  expliquent  que le niveau des dépenses est en contradiction avec les impacts économiques et sociaux. Le contrôle le plus efficace  passe par une plus grande démocratisation et une visibilité de la politique socioéconomique, la corruption démobilisant la population, devant s’attaquer à l’essence, l’écosystème et notamment la bureaucratisation centrale et locale qui enfante la sphère informelle et la corruption.

A. M.