La récession de l’économie mondiale en 2023 et ses impacts sur l’économie algérienne via le cours des hydrocarbures

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Cette contribution pose la problématique des impacts de la récession de l’économie mondiale en 2023 sur l’économie algérienne via le cours des hydrocarbures qui dépend pour 98% de ses recettes en devises des hydrocarbures où le cours du pétrole a été coté le 3 mai 2023 12h GMT à 73,19 dollars le Brent et à 69,53 le Wit pour une cotation euro dollar 1,1036.

1 – L’économie économie mondiale avec un endettement inégalé de 300.000 milliards fin 2022 soit plus de trois fois le PIB mondial, voit selon le FMI dans son rapport d’avril 2023 sa prévision de croissance en baisse de 2,8%, son troisième niveau le plus faible en trente ans, derrière les récessions mondiales de 2009 et 2020.

Cette situation rentre dans un contexte caractérisé par les perturbations du secteur financier, (rappelons-nous la faillite de quatre banques américaines, le rachat du Crédit Suisse qui a nécessité l’intervention de la Suisse pour éviter un effet systémique, les fraudes fiscales des banques françaises ) le niveau élevé de chômage, plus de 7% pour la zone euro et l’inflation, les tensions en Ukraine, en Asie ( Taiwan) et l’héritage de trois années de pandémie de Covid-19, les taux de croissance loin des années passées des BRICS et les très faibles taux de croissance de la majorité des pays développés, rendent incertaines les perspectives de l’économie mondiale pour 2023. L’inflation globale mondiale devrait passer de 8,7 % en 2022 à 7 % en 2023 mais pour la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau d’avant 2025. Le relèvement des taux d’intérêts des banques centrales pour juguler l’inflation a eu pour effet d’accélérer le ralentissement de l’économie et le renchérissement des prêts où le stock de la dette extérieure de l’Afrique à fin 2021 s’est établi à 1074 mds de dollars. Cette récession se répercute sur le cours des hydrocarbures où le cours du pétrole repart à la baisse ayant été coté le 2 mai 2023 enfin de clôture à 75,38 dollars le Brent et à 71,70 le Wit pour une cotation euro dollar 1,1002, le cours officiel du dinar algérien à la même date 135,482 dinars pour un dollar ,148,6279 pour un euro et sur le marché parallèle (vente) 225,0 dinars un euro. L’appréciation ou la dépréciation du dollar de 10% a pour effet soit une hausse ou une baisse du Brent entre 3/5 dollars, fonction du coût d’exploitation variable selon les pays et en moyenne annuelle, selon un ratio international à prendre certes avec précaution, une baisse d’un dollar, pour une année pour le cours du Brent a pour effet une baisse des recettes entre 500/700 millions de dollars. Les coupes volontaires d’environ 1700 000 barils/j de certains pays de l’OPEP+ y compris la Russie, ont eu certes une relative stabilisation, sinon le cours devait s’orienter sous la barre des 70 dollars, mais les bourses se concentrent surtout sur les risques de récession de l’économie mondiale en 2023, facteur déterminant du cours des hydrocarbures. N’oublions pas que la baisse du cours du gaz représente environ 35% des recettes de Sonatrach de plus de 60% se cote entre 45/50 dollars depuis le début de janvier 2023, le mégawatt heure après avoir atteint un sommet de entre 200/300 dollars au début des tensions en Ukraine, prévoyant une moyenne entre 45/55 euros le mégawattheure pour 2023. L’OPEP+ représentent que 50% de la commercialisation mondiale, 50% se faisant hors OPEP+, le plus grand producteur actuellement étant les USA avec plus de 11 millions de barils/j dont les gisements moyens les plus nombreux sont rentables à un cours entre 60/70 dollars le baril, encore que selon nos informations du fait de l’embargo, le prix de cession du gaz et pétrole russe et également iranien en direction de l’Inde et de la Chine, deux gros importateurs est bien en deçà du prix du marché ce qui influe également sur le cours boursier. Mais entre 2023/2030, ce qui influe sur le cours des hydrocarbures, face aux effets dévastateurs du réchauffement climatique, qui est une menace pour la sécurité mondiale c’est le nouveau modèle de consommation énergétique au niveau mondial, 2023/2030/2035, axé sur les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et l’efficacité énergétique qui verront la diminution de énergies fossiles classiques, un peu moins pour le gaz, de plus de 50% horizon 2030/2035.

2 – L’Algérie 2022, et certainement pour 2023, dépend pour 98% de ses recettes en devises des hydrocarbures, avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour une valeur dépassant les 60%. Les exportations ont fluctué ces dernières années environ 450 000 /500 000 barils/j pour le pétrole et entre 45/50 milliards de mètres cubes gazeux pour le gaz, la consommation intérieure étant presque l’équivalent des exportations, avec les risques pouvant d’absorber les 70/80% de la production horizon 2030, devant diversifier son économie, accélérer la transition énergétique et éviter de vivre sur l’illusion de la rente éternelle afin d’éviter le drame des effets de la baisse des cours entre 1986/1990. La hausse des prix tant du pétrole moyenne de 106 dollars le baril en 2022 selon la Banque d’Algérie et 16 dollars le prix du gaz a permis à Sonatrach d’avoir une recette de 60 milliards de dollars et des réserves de change clôturées fin février 2023 à 63 milliards de dollars, l’Algérie ayant des marges de manœuvres avec une dette extérieure de 2,914 milliards de dollars n’étant pas touchée par le relèvement des taux d’intérêts des banques centrales. Mais s’impose une rationalisation des choix budgétaires, évitant ces assainissements à répétition évalués à environ 250 milliards de dollars, les banques malades de leurs clients durant les trois dernières décennies à fin 2020 selon le Premier ministre et plus de 66 milliards de dollars, pour les réévaluations ces dix dernières années

(source APS). Par ailleurs, la loi de finances 2023 prévoit un déficit budgétaire de 5720 milliards de dinars soit au cours de 135,44 dinars un dollar le 28/04/2023, 42,23 milliards de dollars, avec une dette publique en croissance selon le FMI, de 60,5% à fin 2022, et des prévisions de 65,3% en 2023, contre 51,4% en 2020. Selon le rapport du FMI, l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget de 2023 contre 135 dollars pour 2021/2022 et 100/110 dollars pour 2019/2020, ne pouvant continuer à dépenser sans compter, le PIB étant estimé fin 2022 par le FMI à 193 milliards de dollars US, loin de ses importantes potentialités. La dépense monétaire n’a pas été proportionnelle aux impacts économiques et sociaux avec plus de 1100 milliards entre 2000/2022 de dollars d’importations de biens et services en devises, sans compter les dépenses en dinars, (mauvaise gestion et corruption).

Le taux de croissance est certes positif de 2,6% en 2023 prévu par le FMI pour 2023, mais pour l’Algérie il faut un taux de croissance de 8/9% par an sur plusieurs années pour absorber le flux additionnel de demandes d’emplois d’environ 350 000/400 000 qui s’ajoute au taux de chômage 2022, (où selon le ministre du Travail fin février 2023 1 900 000 ont été inscrits au chômage sur une population active d’environ 12,5 millions soit si on prend ces données officielles, un taux de chômage de plus 15,2%, incluant les emplois improductifs, les emplois rente et les sureffectifs au niveau des administrations et des entreprises publiques, un taux proche de celui du FMI. Le taux d’inflation pour des raisons à la fois internes et externes, dont l’indice n’a pas été réactualisé depuis 2011, le besoin étant historiquement daté selon l’ONS depuis 2022 approche les 10% laminant le pouvoir d’achat où les banques doivent relever leur taux directeur pur éviter de nouveaux assainissements via la rente des hydrocarbures. Les recettes avec les dernières décisions de débloquer les importations de matières premières, décisions bureaucratiques dans la précipitation sans ciblage, qui ont paralysé tout l’appareil productif et accéléré les pénuries et l’ l’inflation, seront largement inférieures en 2023 par rapport à 2022, avec des impacts sur la balance des paiements du fait de la baisse des prix des hydrocarbures (une estimation entre 50/55 milliards de dollars si le cours moyen est de 80/85 dollars pour le pétrole et 11/12 dollars le MBTU pour le gaz. Si le cours moyen est de 75 dollars les recettes devraient être inférieures à 50 milliards de dollars devant retirer environ 25% des frais pour avoir le profit net.

En conclusion, il faut être réaliste, en économie, la perte de temps ne se rattrape jamais, et paradoxe pour calmer transitoirement le front social, c’est une loi économise universelle, le versement de salaires sans contreparties productives conduit au suicide collectif par l’accroissement du taux d’inflation et du taux de chômage, pénalisant à terme les couches les plus défavorisées. La rentabilité d’ un projet mis en exploitation en 2023 nécessitera deux à trois années pour les PMI/PME et 5/7 ans pour les grands projets et chaque année de retard repousse les délais avec des surcoûts. Aussi, s’impose un langage de vérité si l’on veut mobiliser la population algérienne autour d’un large front national, réalisant la symbiose Etat-citoyens, face tant aux tensions budgétaires qu’ aux tensions géostratégiques. L’Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des services de sécurité, mais en mai 2023, Sonatrach, c’ est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Il y a urgence, loin de discours déconnectés des réalités, du redressement de l’économie nationale pour 2023, d’une croissance hors hydrocarbures soutenue afin de réaliser la nécessaire cohésion sociale, condition pour faire de l’Algérie un pays pivot au sein de l’espace méditerranéen et africain et au sein des BRICS, ayant toutes les potentialités sous réserve d’une nouvelle gouvernance. La mobilisation citoyenne face aux tensions géostratégiques, le sacrifice devant être partagé, renvoyant à la MORALE, est une question de sécurité nationale, existant un lien dialectique entre sécurité et développement.

A. M.