L’entrepreneuriat féminin, facteur de progrès social et de développement

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La journée internationale des droits des femmes, chaque année  le 08 mars,  est l’occasion des gouvernants de réaffirmer leurs engagements en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes pour la lutte contre les stéréotypes et les inégalités du genre.

L’entrepreneuriat féminin, objet de cette présente contribution  dont d’ailleurs j’ai eu l’occasion de présider plusieurs thèses de doctorats sur ce sujet stratégique , recouvre les initiatives  de création de valeur  et de développement  économique portées par les femmes qui , malgré des obstacles, connaît  un véritable dynamisme en Algérie  où je   considère que la promotion de la femme et notamment l’entreprenariat féminin en particulier, comme le ciment et la vitalité de la société.

1.-Si le travail est au centre de la consolidation de l’autonomie de l’individu, la promotion de la situation de la femme en tant que personne et en tant que citoyen est déterminant pour l’avenir de toute société. Intégrer la femme dans le monde du travail implique un cadre adapté fonction de l’anthropologie de toute société, devant concilier la modernité et notre riche authenticité. Les différentes recherches en sciences sociales affirment souvent que le développement d’une société se mesure au degré d’implication de ses femmes. L’émergence des femmes dans l’espace social et politique, la question de l’entreprenariat féminin devrait être posée dans le cadre de la problématique du développement et de la transformation générale de la société, étant au sein du carrefour de la pluridisciplinarité entre la psychologie et la sociologie du travail. Nous avons trois  théories  concernant l’entrepreneuriat féminin.  La première , liée à la problématique du développement, est celle qui considère que l’arrivée dans le monde du travail des premiers contingents de femmes est le point de départ d’un mouvement évolutif et irréversible qui ne peut que changer la conscience qu’ont les femmes d’elles-mêmes, celles qui travaillent comme celles qui ne travaillent pas, et constitue un atout majeur dans la conquête de l’espace social et politique. Selon cette thèse, ce sont les femmes qui travaillent, quelle que soit la nature de l’activité exercée, qui s’intéressent le plus à la vie sociale et politique, qui votent davantage et de manière plus autonome. C’est parmi elles aussi que l’on trouve le pourcentage le plus élevé de femmes satisfaites, le revenu, essentiellement salarial des femmes, la scolarisation massive des filles constituant des facteurs de changement dans les rapports de sexe dans une société qui n’avait connu que le travail des paysannes.  La deuxième  met en relief , à partir d’une analyse théorique globale des rapports de production et de la séparation entre l’espace de production et de reproduction, introduisant une scission entre la minorité qui travaille et la majorité des femmes au foyer vouées aux rôles traditionnels dont les normes patriarcales se trouveraient renforcées  Cette vision conteste que le travail puisse être un facteur de libération, du fait que la fonction proprement socio-économique du salaire féminin est subvertie et réintégrée dans une logique symbolique propre à la société traditionnelle, la possibilité d’indépendance économique étant neutralisée par la logique de la domination.   La troisième , plus récente  plus réaliste et conforme à la structuration de la  société algérienne   intègre  les analyses psychosociologues et la dualité de la société algérienne formel/informel, où le travail féminin dans l’informel  est encore important mais avec  l‘arrivée des femmes dans le la sphère réelle du monde du travail. Ces nouvelles mutations ont  produit un mouvement irréversible d’aspiration au travail, à l’activité rémunérée permettant à la femme plus d’autonomie. Le travail salarié a produit des effets sociaux et culturels profonds et irréversibles,  remettant  en cause la problématique d’une sorte d’inertie des pratiques et des représentations dans le monde des femmes dans son ensemble, mettant en valeur qu’avec la scolarisation massive des filles, le travail est le paramètre essentiel du changement avec des retombées sur celles qui ne travaillent pas. Encore que cette approche met en relief que le savoir social que ces femmes acquièrent et les multiples manières dont elles l’utilisent en le combinant à des matériaux puisés dans le patrimoine culturel pour construire une image de soi valorisante à la fois comme femme et comme travailleuse, peuvent se trouver en butte à des manifestations de réprobation du fait de résistances socioculturelles. Selon cette approche, avec l’évolution de la famille algérienne qui ne vit pas en vase clos mais influencée par des facteurs d’environnement local et international (télévision, Internet…), il faille éviter le stéréotype selon lequel la famille, lieu de la tradition, emprisonne les individus et constitue toujours un frein à l’autonomie et au changement, une famille pouvant pousser ses membres féminins au changement parce qu’elle en tire des profits matériels et symboliques. A l’inverse, une femme qui fait des choix individuels en affrontant sa famille, ne s’en détache pas pour autant, ce qui signifie bien entendu qu’il ne peut y avoir d’un côté tradition et de l’autre innovation. Ces recherches mettent aussi en valeur la connivence mères-filles pour contrer une décision ou en faire valoir une autre, tout un ensemble de stratégies qui relèvent de ce que certains sociologues qualifient de «féminisme informel».

2.- Selon l’APS du 7 mars 2021, reprenant des données du registre du commerce  , par rapport à la population totale nationale (44,4 millions d’habitants au 1 janvier 2021), il y a une femme commerçante inscrite au registre du commerce pour 263 habitants.  Les femmes commerçantes représentent 7,9% du total des commerçants inscrits au registre du commerce et qui sont au nombre de 2.145.067 commerçantes étant précisé que  les professions libérales, les activités agricoles, les métiers et le travail artisanal ne sont pas pris en compte du fait qu’ils soient encadrés par des dispositifs législatifs et réglementaires particuliers. Par secteur d’activité, les femmes commerçantes-personnes physiques exercent notamment dans la distribution en détail (49,22 % des femmes exerçant sous ce statut), les services (38,62 %) la production de biens (8,78 %) la distribution en gros (3,17 %), la production artisanale (0,18 %) et l’exportation (0,02 %). Quant aux femmes commerçantes-personnes morales, elles exercent surtout dans les services (40,02 % des femmes exerçant sous ce statut), la production de biens (26,10%) l’importation pour la revente en l’état (14,43 %), la distribution en gros (9,67 %), la distribution en détail (7,69 %), la production artisanale (0,95 %) et l’exportation (1,14 %). Au sein de ces catégories d’activités, les plus exercées sont celles de production ou de transformation liées au domaine des matériaux de construction, aux travaux du bâtiment, grands travaux publics et aux installations thermiques (7,9%), les entreprises d’études, de conseils et d’assistances (7,7%), les services culturels et récréatifs ( 6,2%), les services liés aux transports et services annexes (4,7%) et l’importation des matériels et produits divers liés à différents domaines (4,2%) et l’importation des matériels, pièces détachées et accessoires liés au domaine mécanique, électrique et l’électronique (4%). S’agissant de la répartition par wilaya, les femmes commerçantes sont implantées en grand nombre dans les grands pôles économiques et urbains et particulièrement à Alger qui vient en tête avec un nombre de 18.560 commerçantes (11% du total national des femmes d’affaires) , suivie d’Oran avec 10.791 commerçantes, soit (6,4%), de Tizi-Ouzou avec 6.333 commerçantes ( 3,7 %), Constantine avec 6.094 commerçantes (3,6%), Sidi Bel Abbes avec 5.977 commerçantes (3,5% ), Tlemcen avec 5.819 commerçantes (3,4%) et de Blida avec 5.396 commerçantes (3,2%).Il  en ressort trois constats  : premier constat : sur le marché de l’emploi,  sont à la recherche d’un emploi comprenant des avantages et perspectives d’évolution professionnelle où nous assistons à une dynamique positive ; deuxième  constat :  leur niveau d’expérience varie selon la nature du métier exercé  et des  critères de taille et de type d’entreprises qui constituent un élément important dans la sélection du poste de leur choix. .

Troisième  constat : les femmes  sont victimes parfois de violences commises par le mari, le père, le frère ou même l’enfant  et durant la recherche d’un emploi, de plus en plus de femmes sont confrontées à de multiples difficultés d’ordre social, ces difficultés qui entravent l’évolution des carrières professionnelles des femmes sont en relation avec la discrimination dans l’attribution des promotions

En conclusion, dans la Phénoménologie du Droit, Hegel faisait allusion aux 3 strates fondamentales : la Famille, la Corporation, l’Universel. Le grand philosophe allemand Hegel avait, peut-être volontairement ou involontairement, oublié de mentionner : la mère des matrices, la racine de l’arborescence, la racine de l’Arbre de la Vie, c’est notre mère et donc que nos filles et nos femmes ont besoin de la plus grande considération. 

A.M