Lutte contre les stupéfiants: L’Etat et la société se mobilisent

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Avec l’ampleur prise par le phénomène de la drogue, l’Etat semble plus que jamais déterminé, avec l’implication de la société civile, pour éradiquer ce fléau, devenu un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics. Ainsi, le ministère de la Santé organise une semaine de sensibilisation aux dangers de la toxicomanie, du 30 avril au 6 mai, à travers toutes les wilayas du pays, a indiqué samedi un communiqué du ministère.

Cette semaine, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique préventive du gouvernement en vue de préserver la santé de la société et la prévention des drogues, verra l’organisation de portes ouvertes au niveau des centres thérapeutiques à travers le pays. Les spécialistes en désintoxication et les professionnels de la santé publique organiseront des sorties sur le terrain visant à transmettre le message sanitaire et préventif au plus grand nombre possible. Le secteur de la santé fait tout au long de l’année des efforts continus pour lutter contre la toxicomanie à travers une politique nationale basée sur des volets fondamentaux à savoir la prévention, notamment en milieu scolaire, et la garantie d’une thérapie aux toxicomanes désirant se débarrasser de ces substances toxiques. En vue de concrétiser cette politique le secteur de la santé a été renforcé par l’ouverture de 46 centres intermédiaires de désintoxication répartis sur les wilayas du pays, outre 6 services et des unités hospitalières dans certaines villes. Pour sa part, la Commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a réaffirmé le caractère illicite de la consommation et du trafic des drogues et psychotropes, au regard des conséquences graves occasionnées par ces substances, appelant la famille algérienne à prendre soin de ses enfants et à veiller à les protéger contre ce fléau. «Face à la campagne systémique ourdie contre l’Algérie en propageant les drogues et les psychotropes, notamment en milieu des jeunes, et par prise de conscience des plans visant à noyer la société par différents moyens et voies et conformément aux versets coraniques, la commission réaffirme le caractère illicite de la consommation et du trafic des drogues et des psychotropes», a indiqué la commission, les qualifiant de «pêché capital, au vu des textes qui interdisent ces substances au regard de leur impact néfaste sur le cerveau et qui portent atteinte à la dignité humaine». 

La commission a estimé que le trafic de drogues et de psychotropes constitue «une menace à la sécurité nationale et la stabilité de la société». Dans ce cadre, la commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses a appelé la famille algérienne «à prendre soin de ses enfants et à veiller à les protéger contre les drogues et les psychotropes». Elle a insisté sur l’importance de l’adhésion de la société aux efforts de prévention contre ce fléau, notamment «au sein des comités de quartier, des établissements d’enseignement, des associations des parents d’élèves, des différents organes de la société civile, des médias et des supports des réseaux sociaux». Dans le même cadre, la commission a salué le rôle joué par les différents services de sécurité et militaires «dans la lutte contre ce phénomène et la protection du pays et ses enfants des narcotrafiquants», adressant ses remerciements «au corps de la Justice et à toute les personnes dévouées dans les différents domaines, établissements et organes». De leur côté, les imams ont mis en garde, dans leurs prêches du vendredi à travers le pays, contre les dangers et méfaits que présentent la consommation de la drogue et autres stupéfiants notamment sur les jeunes, mettant l’accent sur la nécessité d’intensifier les campagnes de sensibilisation face aux effets dévastateurs de ces poisons sur la cohésion de la cellule familiale et la société d’une manière générale. A cet égard, les imams ont mis en garde contre le risque de tomber dans le piège de ce fléau, considéré comme l’une des causes de la dégradation de l’esprit, rappelant avec force l’interdiction par l’Islam de s’adonner à ces substances, nonobstant d’autres effets négatifs sur la santé et le gaspillage de l’argent. Dans ce contexte, les imams ont exhorté les parents, les enseignants et les éducateurs ainsi que les acteurs de la société civile à accompagner les enfants et à les sensibiliser contre les dangers des stupéfiants, à commencer par la cellule familiale, l’école, et la mosquée. Dans leurs prêches, ils n’ont pas manqué de saluer les efforts consentis par les services de sécurité et leur détermination à lutter contre ce fléau et les tentatives d’inonder le pays par ces substances, en témoignent les quantités de drogue saisies à travers le territoire national. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, avait affirmé récemment que «l’Algérie fait face à une guerre de drogue menée notamment par son voisin de l’Ouest», soulignant «la nécessité d’affronter cette guerre avec tous les moyens», à travers la mise à contribution de l’ensemble des secteurs concernés. M. Merad avait en outre salué les efforts colossaux de l’Armée nationale populaire et des différents corps de sécurité dans la lutte contre ce fléau et la protection de nos frontières de toutes les formes de criminalité, faisant observer que les efforts des services de la Sûreté nationale ont abouti à l’élucidation de 32 742 affaires durant le premier trimestre 2023, impliquant 37 352 individus, la saisie de 2,5 tonnes de cannabis et 17 kg de cocaïne et près d’un kg d’héroïne ainsi que 3,5 millions comprimés psychotropes. Il est à noter que le Parlement, avec ses deux Chambres, a adopté récemment la loi relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes, laquelle vise l’élaboration d’une stratégie de prévention de ces crimes par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT). La loi comprend, entre autres, de nouvelles dispositions concernant les toxicomanes, notamment les mineurs, faisant prévaloir les mesures thérapeutiques au lieu des poursuites pénales, en annulant la peine si ces toxicomanes suivent une cure de désintoxication. Le texte prévoit également une peine pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison, si le mis en cause est un fonctionnaire public, dont le crime commis a été facilité par sa fonction et que la peine sera relevée jusqu’à la prison à perpétuité en cas de crimes commis par un groupe criminel organisé.

T. Benslimane