Lutter contre la mauvaise gestion et améliorer le management stratégique du transport maritime et aérien

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L’objet de cette présente contribution  est  la synthèse de mon l’intervention  à  la Télévision Algérie Internationale – AL24 News-   diffusée le 1er décembre 2022  à  23h et le 2 décembre à 10h, sur les  orientations du dernier Conseil des ministres concernant la mauvaise gestion et l’amélioration du management stratégique  du transport maritime et aérien. Le président de la République, lors du dernier Conseil des ministres, a fait un diagnostic sans complaisance des secteurs du transport maritime et aérien et a donné des orientations pour  délimiter les responsabilités et exiger une profonde restructuration de ces segments.

1.-Le transport maritime est le  mode de transport le plus utilisé dans le commerce international (75% du commerce mondial en volume transitent par voie maritime) et plus de 97% des marchandises destinées à l’Algérie passent par les compagnies de transport étrangères.    Comme les  importations de marchandises sont évaluées  entre 2000/2020 à plus de 800 milliards  de dollars, et environ 200 milliards pour les services, l’estimation du coût maritime supporté par l’Algérie aurait  été de 160 milliards de dollars et même si je prends le ratio international une fourchette de 10/15%-normes, (au-delà étant des surcoûts incluant la corruption-)  ce qui nous donnerait  entre 80 et  120 milliards  soit une moyenne annuelle de dollars soit une moyenne annuelle 2000/2020   variant entre 4/6 milliards de dollars (voir notre contribution internationale  sur la mauvaise gestion et les surcoûts dans le transport maritime parue en  2010 et  réactualisée en  2019-  www.google.com) sur la mauvaise gestion et les surcoûts dans le transport maritime en Algérie, que certains politiques et experts redécouvrent en 2022, mais avons-nous été écoutés).  

En plus de Algérie Ferries  qui connaît  une gestion déplorable, le coût de l’acheminement d’un conteneur de 40 pieds selon, le Premier ministre est passé de 1.700 dollars à 7.800. Selon un  rapport Doing Business de la Banque mondiale,  le coût moyen d’un conteneur  de 20 pieds à l’importation est de 858 dollars en Tunisie, de 950 dollars au Maroc, alors qu’en Algérie il s’élève à 1.318 dollars. A l’exportation, le même conteneur coûte en moyenne 733 dollars en Tunisie,  et pas moins de 1.248 dollars en Algérie, soit un surcoût moyen annuel par rapport aux pays voisins de 400 millions de dollars. Concernant les surestaries,  un séjour en rade d’un navire coûte entre 8.000 et 12. 000 dollars par jour. Ainsi, la  dépense nationale de transport maritime consacrée aux marchandises générales dépasse ainsi tout entendement. Ces surcoûts entravent tout effort de compétitivité des entreprises nationales, notamment celles désirant un développement à l’exportation, et épongent les trésoreries des entreprises importatrices qui paient beaucoup plus cher le transport de leur marchandise, ce qui se répercute sur le produit final donc le consommateur algérien. Rappelons que l’Algérie, en plus des ports existants qui nécessite un important  investissement pour leur mise à niveau,   a décidé d’investir un grand port, le port d’El Hamdania, près de la ville de Cherchell,  disposant  de 23 quais d’une capacité annuelle de traitement de 6,5 millions de conteneurs et de 25,7 millions tonnes de marchandises, avec  un trafic global en vitesse de croisière de 40 millions de tonne en plus du transbordement du trafic international, la durée des travaux ayant  été ramenée de 10 à  sept ans. Cela rentre dans le  cadre  de la connexion avec l’axe routier de l’unité africaine afin de faciliter la route de la Soie initiée par la Chine, projet auquel l’Algérie a adhéré, ainsi  que  de la stratégie des Brics, l’Algérie aspirant  y adhérer qui horion 2030 verrait un nouveau tournant dans les relations internationales s’orientant vers un monde multipolaire.

2.- Concernant le transport aérien, Air Algérie dispose actuellement de 56 appareils modernes  d’âges moyens et 11 appareils répondant aux normes de sécurité internationale. Outre ce déficit, il a été décidé de lui octroyer une enveloppe d’environ 2 milliards de dollars pour 30 appareils  et la compagnie aérienne nationale vient de lancer une consultation internationale en direction des constructeurs d’aéronefs, pour l’acquisition de 15 appareils neufs.  Le premier responsable de la compagnie aérienne nationale a évoqué le projet portant la restructuration de l’entreprise ordonnée par le chef de L’Etat à maintes reprises. «Cette opération vise à replacer Air Algérie au niveau du marché international, notamment à travers le développent des ventes en ligne», comptant  déployer davantage ses ailes dans le continent africain. Air Algérie  a environ  10 000  employés avec un sureffectif d’environ 30%, pour  le ministre des Transports dans une déclaration de janvier 2022,  il y a 156 employés par avion sans compter toutes le succursales  à  travers le monde  occasionnant des dépenses en  devises, 43 agences  dans 26 pays bien qu’il ait été  procédé entre 2020-2021 au rappel de 50 expatriés et la fermeture de 9 agences à l’étranger sur 16 ciblées, en vue d’atteindre un objectif d’économie de 1,14 million d’euros/an. Mais au moment où la flotte aérienne  connaît une crie mondiale inégalée surtout avec l’impact du coronavirus avec des  pertes se chiffrent en centaines de milliards de dollars avec des répercussions en aval  sur le tourisme mondial, avec un léger  redressement  en 2022, le déficit d’Air Algérie s’est encore creusé, et pourrait atteindre, selon les prévisions de la direction, près de 89 milliards de dinars (près de 585 millions d’euros) à la fin de l’année en cours, contre 40 milliards de dinars  fin 2020, expliquant la cherté du billet, les compagnies étrangères opérant en Algérie  jouissant de la  rente de monopole s’alignant sur les prix d’Air Algérie.

Ainsi, contrairement aux compagnies qui la concurrencent à l’international, Air Algérie peine toujours à renouer avec la rentabilité, même si le nombre de ses vols a été relativement augmenté. Tous réseaux confondus, Air Algérie a transporté un total de 1 968 880 passagers en 2021, tous, soit 30% du niveau de 2019, avec un taux de 21% de ce trafic ayant  été réalisé sur le réseau international contre 79% sur le réseau intérieur.  Pour faire face au déficit budgétaire et les pertes enregistrées, Air Algérie a  sollicité  un prêt gouvernemental selon le  conseil d’administration du 7 mai 2022  de la demande d’un prêt gouvernemental afin de faire face au déficit budgétaire». Selon la même source «le prêt est estimé à 120 milliards de dinars, soit 910 millions de dollars, dont une partie est destinée à couvrir les dépenses de l’entreprise et les salaires d’environ 10 000 travailleurs, une partie à rembourser les dettes de l’entreprise, et une troisième partie aux investissements étrangers», sinon à obtenir la garantie de l’Etat pour un prêt équivalent à cette somme.

3.-En résumé, le secteur transport, poumon de toute économie en Algérie, est particulièrement pénalisé par des surcoûts.  Les facteurs  influençant ces coûts,  étant le manque de coordination entre les  différents départements ministériels, les infrastructures inadaptées et  les procédures douanières lentes ce qui rend urgent  de revoir le management stratégique de ce secteur ce qui a impliqué la mise ne place d’un tableau de la valeur relié aux réseaux internes et internationaux et aux bourses mondiales  afin d’éviter les surfacturations, tableau que  j’avais préconisé en tant que haut magistrat et directeur général des études économiques à la Cour des comptes entre 19080/1983,  pour la présidence de l’époque, ayant été chargé du dossier des surestaries,  tableau qui n’a jamais vu le jour  car s’attaquant  de puissants intérêts rentiers. Concernant notre problématique,

l’objectif est de réduire les coûts  dans  l’import et d’augmenter le volume de marchandises traité à l’export  et pour réaliser cet objectif, il faudrait  réduire de 50% le temps du traitement et d’attente des bateaux en rade qui coûtent énormément au Trésor public, ces coûts représentant  en Algérie 30% de la valeur du produit alors qu’ils varient, selon les normes internationales, entre 15 et 18%, influant  directement sur le prix final de la marchandise, diminuant la compétitivité du produit algérien sur les marchés internationaux. D’une manière générale, la responsabilité est intersectorielle,  industrie, agriculture  commerce, finance et tout secteur importateur ou exportateur renvoyant à l’urgence d’une planifications stratégique globale s’adaptant à  la concurrence internationale.  Devant cette situation,  il est urgent d’encourager les opérateurs algériens à  investir dans le transport aérien et surtout maritime mais supposant de sérieuses compétences, le capital argent  étant secondaire dans ce secteur. L’Algérie du fait de sa position géographique stratégique (porte de l’Europe et de l’Afrique) en a les potentialités sous réserve d’une libéralisation maîtrisée et non anarchique par une lutte contre la bureaucratie paralysante qui fait le nid des rentiers.

A. M.