Troubles cognitifs légers, ce jeu de lettres fait mieux que les jeux vidéo

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Une étude a révélé que les personnes atteintes de troubles cognitifs légers peuvent ralentir leur déclin cognitif en stimulant leur cerveau via le recours à des jeux en ligne.  Bien que certains des facteurs de risque pour les troubles neurocognitifs ne soient pas contrôlables, comme l’âge et la génétique, il est judicieux de réduire les effets des facteurs qui peuvent être contrôlés. Ainsi, plusieurs habitudes de vie permettent non seulement de réduire le risque de troubles neurocognitifs, mais aussi de prendre soin de la santé de son cerveau sur le long terme. Parmi celles-ci figurent, notamment le fait de se montrer physiquement, mais aussi socialement actif, de veiller à s’alimenter sainement au quotidien, d’apprendre à gérer et à réduire son stress ou encore de lancer des défis à son cerveau. Pour cette dernière recommandation, il s’agit plus précisément de stimuler son cerveau en apprenant une nouvelle langue et/ou en s’adonnant de nouveaux loisirs, par exemple des jeux. Bonne nouvelle, les choix sont multiples : échecs, jeux de table, jeux vidéo et jeux de mots et de nombres, casse-têtes, sudoku et jeux de mémoire. Du côté des jeux sur ordinateur, tablette ou téléphone, mieux vaut choisir ceux où il est possible d’interagir avec d’autres personnes. Mais parmi tous ces choix, quel est le loisir à privilégier en premier lieu? Des chercheurs de l’Université Columbia et de l’Université Duke se sont posés la question et leur étude publiée dans la revue NEJM Evidence montre que faire des mots croisés présente un avantage par rapport aux jeux vidéo sur ordinateur pour le fonctionnement de la mémoire chez les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs légers. Ces derniers ont en effet découvert que les participants formés à faire des mots croisés en ligne ont démontré une plus grande amélioration cognitive par rapport à ceux formés à l’usage de jeux vidéo cognitifs qui portent le nom de «serious games». «Il s’agit de la première étude à documenter les avantages à court et à long terme de l’entraînement aux mots croisés à domicile par rapport à une autre intervention.», a expliqué le Dr Davangere Devanand, professeur de psychiatrie et de neurologie à Columbia. «Les résultats sont importants compte tenu de la difficulté à montrer une amélioration avec des interventions en cas de déficience cognitive légère.»

Une efficacité mesurable grâce à un examen par IRM

L’équipe scientifique est partie du constat que si les mots croisés sont largement utilisés, ils n’ont pas fait l’objet d’études très poussées en ce qui concerne leur utilité pour stimuler la mémoire des personnes âgées souffrant de troubles de la mémoire, de la réflexion ou du jugement, soit de troubles cognitifs légers eux-mêmes associés à un risque élevé de démence, y compris la maladie d’Alzheimer. Pour mener cette étude, les chercheurs ont assigné au hasard 107 participants atteints de troubles cognitifs légers à deux groupes d’entraînement différents : l’un dédié aux mots croisés et l’autre à des jeux cognitifs. L’entraînement intensif a duré 12 semaines et a été suivi de séances de rappel jusqu’à 78 semaines et les deux interventions ont été réalisées via une plateforme informatisée avec un suivi hebdomadaire. Leurs conclusions montrent une efficacité supérieure des mots croisés par rapport aux jeux cognitifs sur la principale mesure des résultats cognitifs, à la fois à 12 semaines et à 78 semaines. Ils se sont également montrés plus efficaces en ce qui concerne le fonctionnement quotidien, à 78 semaines. Par ailleurs, les mots croisés étaient plus efficaces pour les participants à un stade ultérieur de la maladie, tandis que le rétrécissement du cerveau (mesuré par IRM) était moindre pour les participants du groupe «mots croisés  à 78 semaines. «Les avantages ont été observés non seulement dans la cognition, mais aussi dans les activités quotidiennes avec des indications de rétrécissement du cerveau sur l’IRM qui suggèrent que les effets sont cliniquement significatifs.», a fait remarquer le Dr Devanand. Or, comme le précise le Dr Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, au site France Info, ces résultats ont surpris les auteurs de ce travail car derniers ne s’attendaient pas à une telle conclusion, voire même à une découverte inverse. Le spécialiste note en effet que «leur hypothèse de départ se basait sur de précédentes études, dont une en particulier qui montrait une plus grande efficacité des jeux vidéo de réflexion par rapport aux mots croisés. Mais dans cette étude, les patients n’avaient pas de troubles cognitifs et étaient en moyenne beaucoup plus jeunes. «Celui-ci ajoute : «Les auteurs supposent donc que les mots croisés sont probablement plus familiers et moins complexes que les jeux vidéo pour les personnes âgées qui souffrent de troubles cognitifs. En revanche, ils présument que les jeux vidéo sont plus efficaces pour stimuler la matière grise de patients plus jeunes et en bonne santé, plus habitués à ce type de jeux. » Autrement dit, l’étude souligne l’importance de jouer à un jeu que l’on connaît pour muscler son cerveau. Car il s’avère que sur la base de la surveillance électronique mise en place par l’équipe scientifique, les participants à un stade avancé de troubles cognitifs peuvent avoir mieux compris le fonctionnement des mots croisés, plus familiers, que celui des jeux en ligne. Bien que ces résultats soient très encourageants, les auteurs soulignent la nécessité de mener une étude plus large avec un groupe de participants plus varié. «Des recherches supplémentaires pour étendre l’entraînement cérébral en tant que thérapie numérique à domicile pour retarder la maladie d’Alzheimer devraient être une priorité» , concluent-ils.