Une politique économique fiable et cohérente doit reposer sur des données objectives: Le ministère du Commerce, pour le cas des exportations hors hydrocarbures, doit répondre à cinq questions

0
148

Le ministère du Commerce annonce par des communiqués périodiques un montant global, des exportations hors hydrocarbures, 7 milliards de dollars fin 2022, 10 milliards de dollars fin 2023, que certains soi-disant experts reprennent versant dans l’euphorie alors que la ventilation par produits est fondamentale pour un diagnostic serein et des actions concrètes. Aussi, pour une appréciation objective de la performance de l’économie algérienne et pour ne pas induire en erreur les autorités du pays, il y a lieu de répondre à six questions.

-Premièrement: Analyser objectivement les avantages comparatifs de l’Algérie impliquant un tableau de la valeur du commerce extérieur relié aux réseaux et bourses mondiales, en temps réel au niveau de la douane que j’ai préconisé déjà en 1983 en tant que haut magistrat premier conseiller et directeur général des études économiques la Cour des comptes, tableau qui n’pas vu le jour car s’attaquant à de puissants intérêts rentiers afin de lutter contre la corruption et les surfacturations et mener une politique intelligente de substitution d’importation.

-Deuxièmement: ventiler la rubrique importation de biens et services afin de développer une politique et ce, par grandes masses pour les grands montants produit par produit ainsi que la structure des exportations hors hydrocarbures. Il s’agit de structurer les exportations hors hydrocarbures, en volume, critère essentiel de la performance interne, et pas seulement en valeur pour tester s’il y a eu accroissement des exportations, le secteur pétrolier et gazier représentant la majeure partie des revenus et la quasi-totalité des revenus d’exportation 98% avec les dérivés. Selon les statistiques douanières officielles pour 2020/2021, au sein de la nomenclature hors hydrocarbures, les dérivés d’hydrocarbures qui ont connu un effet prix élevé entre 2021/2022, du fait de la conjoncture internationale, en incluant les produits bruts et semi-bruts (engrais minéraux ou chimiques azotés 36%, ammoniac anhydride 9%, hydrogène gaz rares 2,5%, huiles ou autres produit de la distillation 14%) et en incluant les déchets ferreux et semi-ferreux représentent environ 70%. En incluant les semi-produits faible valeur ajouté, les activités à forte valeur ajoutée concurrentielle dans le temps au sein de la rubrique hors hydrocarbures sont marginales moins de 20%.

-Troisièmement: Dresser la balance devises nette pour l’Algérie, seul indicateur valable pour attester de la performance, en soustrayant les matières premières importées en devises, les subventions comme le prix de cession du gaz à 20% du prix international pour certaines activités, et les exonérations fiscales.

-Quatrièmement: éviter un double emploi avec les données de Sonatrach de comptabiliser à part les dérivés d’hydrocarbures qui connaissent à l’instar du produit brut gaz et pétrole un niveau relativement élevé.

– Cinquièmement: la destination par zones géographiques de ces exportations notamment pour les zones où existent un accord de libre-échange (Europe, Afrique, monde arabe ), qui implique un dégrèvement tarifaire progressif, sans oublier l’analyse de la balance commerciale avec les USA, la Chine et la Russie, ainsi que l’origine sectorielle de ces exportations hors hydrocarbures, par statut juridique (public, privé national et international), agriculture, tourisme industrie, énergie, mines et autres, afin de récompenser les véritables efforts, n’oubliant jamais que toute exportation relève d’entreprises qu’elles soient publiques ou privées nationales et internationales concurrentielles.

En conclusion, il y a urgence de revoir le système d’information en Algérie où nous assistons à des données contradictoires de différents départements ministériels qui accentuent la confusion, par là méfiance et la rumeur dévastatrice. Sans un appareil d’information fiable, surtout avec la révolution numérique, où le monde est devenu une grande maison en verre transparent, il ne faut pas s’attendre tant à la mobilisation des citoyens qu’à une politique socioéconomique cohérente avec d’importants surcoûts financiers et le gaspillage des ressources rares. Pour ne pas induire en erreur tant les hautes autorités du pays que l’opinion publique, le ministère du Commerce doit donner non un chiffre global mais le détail des exportations hors hydrocarbures supposant un appareil statistique objectif performant afin d’éviter les dérives du passé d’autosatisfaction et bien entendu une analyse qualitative objective sans verser également dans le dénigrement.

Si l’Algérie possède d’importantes potentialités et reconnue par la communauté internationale comme un acteur stratégique au niveau de la région méditerranéenne et africaine, pouvant devenir un pays pivot, devant au moins tripler son PIB estimé fin 2022 180 milliards de dollars, irrigué en grande partie par la rente des hydrocarbures brut et semi-brut, s’il reste un long  à parcourir conditionné par un renouveau de la gouvernance, la valorisation du savoir et donc de profondes réformes institutionnelles et micro économiques afin que la structure de l’économie algérienne s’arrime à l’économie mondiale en termes de coûts et qualité.       

A. M.