Visite du chef d’état-major du 23 au 25 janvier 2023 et du président de la République courant mai 2023 en France: Dépassionner les relations et contribuer à la sécurité régionale et au co-développement

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L’Algérie ayant opté pour la neutralité dans les conflits, entretenant dans le cadre du respect mutuel, d’excellentes relations avec les USA, la majorité des  pays européens,  la Chine et la Russie pour ne parler que de certains acteurs, l’Algérie étant considérée par la  communauté internationale comme un acteur déterminant de la stabilité de la  région, ayant toutes les potentialités pour  devenir un pays émergent,  les visites de travail les 23/25 janvier  du chef d’état- major de l’ANP  et du président de  la République courant mai 2023,  dans le cadre du respect mutuel, loin de tout esprit de domination, ont pour but de contribuer à la sécurité régionale et au co développement.

1-Concernant  la coopération sécuritaire

Dans le domaine sécuritaire, en ce monde incertain et turbulent qui devrait connaître un profond bouleversement géostratégique entre 2023/2030, face aux tensions géostratégiques dans le monde, chaque pays a des positions spécifiques – notamment sur le conflit en Ukraine, le Sahara occidental et les tensions au Mali et en Libye. Dans plusieurs rapports entre 2018 et 2022, les autorités tant américaines que européennes, russes et chinoises, ont tenu à souligner qu’avec les tensions observées dans la région, l’Algérie contribue à la stabilisation de son voisinage immédiat, notamment au Sahel, et demeure un acteur clé au niveau de la région. L’Algérie étant considéré comme un acteur stratégique sur le plan sécuritaire, c’est  dans ce cadre qu’ont eu lieu différentes visites à Alger  de responsables politiques et militaires  américains, européens et  russes. Lors de la visite du président français en Algérie, sous la présidence dues présidents algériens  et français, a eu lieu la rencontre entre les différents services de sécurité algériens et français. Ils ont réuni, du côté algérien, le chef d’état-major de l’ANP, le directeur général de lutte contre la subversion, le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) et le directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure (DGSE) et, du côté français, le ministre des Armées, le chef d’état-major des armées et le directeur général de la Sécurité extérieure, rencontre présidée par les deux chefs d’État, ainsi que la rencontre au ministère de la défense nationale entre le chef d’état-major de l’ANP et le ministre français de la Défense, en présence de différents responsables, rencontres médiatisées dans la plus totale transparence. Selon l’agence de presse algérienne APS, reprenant une note du MDN, «cette visite a constitué une étape charnière du processus de compréhension mutuelle entre les deux parties, insufflée par la volonté politique des Présidents des deux pays». Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général d’armée Saïd Chanegriha, à  l’invitation du chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard,  a  effectué une visite de travail  les 23/25 janvier en France ayant été reçu par les plus hautes autorités françaises dont le Président Emmanuel Macron  où cette  visite s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération entre l’ANP et les armées françaises selon le  communiqué officiel du MDN. Les dossiers  tant de la mémoire, de l’immigration, que les volets économiques seront  abordés lors de la  visite qu’effectuera le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en mai 2023 en France. Cela fait suite à la réunion  avec Thierry Burkhard, le 26 août dernier en présence des responsables des services de sécurité algériens et français à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en août dernier en Algérie, et ayant  reçu en audience, le 08 avril 2021,  le général d’armée François Lecointre, où le chef d’état-major algérien a tenu à rappeler à son hôte, la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In Ikker  et la restitution des cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques, devant certainement  évoquer avec les responsables français la question de la sécurité en Méditerranée et la région du Sahel, (voir  nos interviews à la télévision internationale AL24 du 23/01/2023,  aux quotidiens gouvernementaux  El Moudjahid du 24/*01/*2023 et El Massa 25/01/2023). Elle  entretient dans le cadre du respect mutuel, d’excellentes relations avec les USA, la majorité des  pays européens, comme en témoigne  la récente visite de la Première  ministre de l’Italie, de la Grande-Bretagne  en Algérie le haut conseiller de la Défense pour la région MENA, du ministère de la Défense britannique,   la Chine et la Russie pour ne parler que de certains acteurs. Comme viennent le le souligner la première ministre de l’Italie  et la secrétaire d’État adjointe américaine en charge des organisations internationales, Michele Sison lors leurs visites à Alger,  l’Algérie est un pays leader dans le règlement des conflits au niveau régional, par son rôle central dans la consécration de la stabilité, particulièrement dans la région du Sahel et un acteur déterminant de la  sécurité énergétique pur l’Europe, et cela est partagé par l’ensemble de la communauté internationale.

2- L’Accord d’Alger et la coopération économique

Lors  de la visite du Président français Emmanuel Macron,  a  été  signée le 27 août 2022 à Alger, une déclaration commune pour un partenariat renouvelé, dans divers domaines économiques, culturels et militaires avec la  création d’un Haut Conseil de coopération. Pour concrétiser cet accord, la Première ministre française accompagnée de 16 ministres a effectué une visite en Algérie les 09 et 10 octobre 2022, où elle a  co-présidé avec son homologue algérien la Ve session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).  Dans le prolongement  afin de renforcer les opportunités de coopération entre les deux pays,  et certainement de préparer  le séjour du Président Abdelmadjid Tebboune à Paris, en mai 2023 qui  sera précédée par la tenue, dans les semaines à venir, du Comité mixte économique algéro-français (Comefa), accompagnée d’une vingtaine de hauts responsables, la secrétaire générale du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, a effectué une visite de travail le 25 janvier 2023 pour présider avec son homologue  algérien les travaux de la 9e session des consultations politiques algéro-françaises. Cependant, l’on   ne doit jamais oublier que dans la pratique des affaires, il n’y a pas de fraternité ni de sentiments. L’Algérie doit privilégier uniquement ses intérêts, comme c’est le cas de la France ou d’autres pays, car les opérateurs – qu’ils soient arabes, algériens, chinois, russes, français ou américains, sont mus par la logique du gain, et iront là où les contraintes sociopolitiques et socioéconomiques sont mineures, leur objectif étant de réaliser le profit maximum. Malgré sa désindustrialisation, la France demeure la deuxième puissance économique en Europe, derrière l’Allemagne avec un PIB  de 2958 milliards de dollars en 2021 et à 3140 fin 2022 pour une population   au 1er janvier 2023 de 68,0 millions, 252 milliards de dollars de réserves de change  à fin novembre  2022, un déficit budgétaire  de 172,6 milliards d’euros  et une dette publique de 2956,8 milliards d’euros fin 2022.  Les échanges entre l’Algérie   et la France sont en nette diminution et donc loin des potentialités (voir conférence du professeur A. Mebtoul au Sénat français en 2015 à l’invitation du professeur Jean Pierre Chevènement). En 2020, la France était le 2e client de l’Algérie (13 % du total), derrière l’Italie (15 %) et devant l’Espagne (10 %), tandis que la Chine était le 1er fournisseur de l’Algérie (avec une part de marché de 17 %), suivie par la France (10 %) et l’Italie (7 %). Pour le premier trimestre 2022, selon le Trésor français dans sa note numéro 108 de mai-juin 2022, les échanges commerciaux algéro-français ont progressé de 17 %, à 2,1 milliards d’euros. Selon les mêmes données, les importations françaises de biens algériens restent composées à 88 % d’hydrocarbures. La tendance résulte donc d’une hausse de 87 % (à 986 millions d’euros) des importations françaises d’hydrocarbures algériens, principalement portée par l’effet prix. Durant cette période, les ventes en France de pétrole algérien ont progressé de 46 %, s’élevant à 507 millions d’euros, et celles de gaz naturel  de 168 %, à 482 millions d’euros. Les exportations françaises vers l’Algérie, pour leur part, ont reculé de 19 %, par rapport au premier trimestre 2021, et atteignent 807 millions d’euros.  Les principaux postes d’exportations françaises vers l’Algérie sont en recul. Selon ce rapport, ce déséquilibre des échanges au premier trimestre 2022 se traduit par une dégradation du solde commercial de la France avec l’Algérie, qui passe d’un excédent de 156 millions d’euros au premier trimestre 2021, à un déficit de 519 millions d’euros au T1 2022.  Pour consolider les relations, selon la Déclaration d’Alger, il y a  lieu d’intensifier les échanges économiques sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant. Ainsi, le domaine économique et socio-culturel, la France et l’Algérie ont convenu de solutionner  le problème des visas et de l’émigration clandestine,  de trouver des solutions «concrètes et opérationnelles» aux problèmes des mobilités notamment pour les «étudiants, entrepreneurs, scientifiques, universitaires, artistes, responsables d’associations et sportifs, permettant de conduire davantage de projets communs. Sur la jeunesse, il a été décidé de conclure un nouveau pacte pour la jeunesse, portant sur l’ensemble de ses dimensions et se traduisant par la mise en œuvre de projets concrets, dont la «création d’un incubateur de start-ups en Algérie» et «l’appui à des projets d’investissement d’avenir en France et en Méditerranée, initiés notamment par les PME, à travers le Fonds de 100 millions d’euros pour les entrepreneurs issus de la diaspora maghrébine, et qui sera implanté à Marseille. Il s’agira surtout  de renforcer leur coopération en  priorité sur les secteurs d’avenir : le numérique, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme. Il  a été prévu  le renforcement de la coopération entre l’Institut Pasteur de France et l’Institut Pasteur d’Algérie pour favoriser les mobilités de chercheurs et mettre en œuvre des programmes de recherche conjoints.  L’Algérie, est  un acteur stratégique pour l’Europe dans son approvisionnement énergétique (11 % en 2021/2022) et  la coopération peut s’intensifier dans ce domaine notamment dans  la production du gaz, des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de l’hydrogène vert, dans la  recherche d’innovation technologique sur la récupération et le traitement du gaz de torchage. Car, pour  une production d’environ 110  milliards de mètres cubes gazeux pour 2022 (source APS), la structuration est la suivante : exportation, plus consommation intérieure et 25 à 30% d’injection de gaz dans les puits pour éviter leur épuisement. Pour pouvoir exporter 100 milliards de mètres cubes gazeux, il faut produire entre 150/170 milliards de mètres cubes gazeux ce qui nécessite d’importants investissements.  A court terme, Sonatrach peut accroître ses livraisons de gaz  de 4/5 milliards de mètres cubes gazeux. Comme je l’ai rappelé dans plusieurs contributions nationales et internationales (voir www.gogle.com février-mars 2001] ) sous réserve de certaines  conditions, car contrairement à certains soi-disant experts ne  connaissant pas  ce dossier complexe ,  pas avant horizon 2025/2027, pouvant  doubler les capacités d’exportations de gaz  entre  80/100 milliards de mètres cubes gazeux, où actuellement la part de l’Algérie varie  entre 10/11% du marché européen. C’est que l’attractivité du marché algérien découle des avantages comparatifs suivants : la proximité géographique des marchés potentiels d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient ; la taille du marché intérieur étant estimée à plus de 45 millions de consommateurs ; des richesses naturelles importantes ; des ressources humaines de qualité ; un endettement extérieur inférieur à 6 milliards de dollars ; et des réserves de change –– de plus de 55 milliards de dollars  à fin de 2022. N’oublions pas le nombre de résidents d’origine algérienne dans le monde, recélant d’importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l’Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d’intervention l’initiative de l’ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. (Voir Pr A. Mebtoul : «Les axes de la coopération Europe/Maghreb», IFRI, décembre 2011, et conférence sur ce même thème en juin 2021, à l’invitation de la commission européenne, à Alger).

3- Devoir de mémoire et dialogue des cultures

Concernant la question mémorielle, l’Algérie et la France ont décidé d’assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire, ayant convenu de créer une commission conjointe d’historiens français et algériens «chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre d’indépendance sur une base scientifique qui verra l’ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus, dans le respect de toutes les mémoires.  C’est que l’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître et non lui imposer un schéma social contraire à ses valeurs. Dans ce cadre, le devoir de mémoire est important pour l’Algérie afin de préparer l’avenir, loin de tout esprit de domination. L’installation de la commission annoncée de chercheurs algériens et français sur toute la colonisation et la Guerre d’Algérie est importante pour le devoir de vérité. Chaque pays devant défendre ses intérêts propres, n’existant pas de sentiments dans les relations internationales, chaque pays ayant ses propres contraintes politiques et économiques. Comme je l’ai fortement souligné lors du sommet de la société civile, qui est au centre de la coopération euro-méditerranéenne et euro-africaine, tenu à Marseille le 24 juin 2019 – où j’ai présidé la délégation algérienne et donné une conférence sur les enjeux géostratégiques en Méditerranée en présence du Président Emmanuel Macron, en tant que président de la commission transition énergétique des 5+5+Allemagne, qui a réuni les ministres des Affaires étrangères, dont l’Algérie, le FMI, la Banque mondiale et les représentants de la Commission européenne –, il s’agit de préparer  l’avenir  afin de contribuer  à la stabilité régionale et au co-développement. Pour consolider sa position  au niveau régional, le grand défi sera pour 2023 sera la relance  économique. L’Algérie est une puissance militaire régionale et un pays incontournable dans la problématique de la sécurité au Sahel, a toujours privilégié au lieu des conflits le respect du droit international, de paix et de tolérance, nécessitant, en ce XXIe siècle, le dialogue des  cultures, fondement du dialogue des civilisations, source d’enrichissement mutuel, où chaque nation devra concilier la modernité et ses traditions. Face à un monde en crise en perpétuel mouvement, avec le danger du réchauffement climatique qui menace l’humanité, s’impose une gouvernance rénovée locale et une coordination mondiale tant en matière de politique étrangère, économique  que sécuritaire, le terrorisme étant une menace planétaire, actions liées, afin d’agir sur les événements majeurs et faire du bassin méditerranéen et de l’Afrique  un lac de paix et de prospérité partagée.

A. M.